
Vous avez certainement déjà volontairement ou involontairement fait craquer vos articulations, en vous baissant ou en vous étirant comme un chat. Les bruits produits par nos articulations sont une source de questionnements pour beaucoup d’entre nous. Peu d’investigations ont été réalisées sur ces manifestations fréquentes alors qu’elles présentent potentiellement une implication clinique et parce qu’elles peuvent générer de l’anxiété. De nombreuses questions subsistent sur ce sujet, mais essayons d’y voir plus clair ensemble !
LES CRAQUEMENTS
Les bruits articulaires sont fréquents dans la population. Rarement douloureux, volontaires ou involontaires, ils peuvent être observer à tout âge. Il existe en effet très peu de recherches sur le sujet et donc peu d’évidences disponibles. Saviez-vous que les bruits articulaires sont communs à tous les mammifères ? Ils concernent 25 à 45 % de la population, aussi bien les hommes que les femmes. Rassurant, non ?
Prenons par exemple le craquement volontaire des doigts.
Il est brusque, audible, en général associé à une augmentation temporaire de l’amplitude articulaire. En d’autres termes, on crée un peu de place ! Généralement, il n’est pas possible de faire craquer 2 ou 3 fois de suite la même articulation : c’est ce qu’on appelle la période réfractaire.
Mais que se passe – t – il au moment du craquement ? c’est ce que plusieurs équipes de chercheurs ont essayé d’observer depuis le début du XXième siècle.
Dans la première étude publiée en 1947, Roston et Haines ont réalisé des radiographies d’articulations lors d’un craquement provoqué par une traction volontaire des doigts. Pour la première fois, les différentes séquences furent identifiées : initialement, les surfaces articulaires sont en contact rapproché ; ensuite elles s’éloignent l’une de l’autre si l’on applique une légère force. En augmentant la force appliquée, les surfaces résistent à la séparation jusqu’à un point critique où elles se séparent brutalement, produisant ce bruit si caractéristique. Juste après ce phénomène, les chercheurs ont observé sur radiographies, la formation d’une cavité gazeuse. Ils ont attribué le son produit à ce phénomène. De plus, ils ont identifié une période réfractaire de 10 à 20 minutes pendant laquelle il n’est plus possible de faire craquer l’articulation.

En 2015, L’équipe de Kawchuk a enregistré successivement le craquement par traction de 10 articulations différents sur un sujet que nous espérons volontaire ! Les résultats révèlent systématiquement l’apparition d’une cavité gazeuse entre les articulations juste après le craquement, mais avec une variation de taille, de forme et de localisation. Cette bulle de gaz semble persister après l’émission du son. Cela conforte la théorie précédente et qui porte le savant nom de « tribonucléation ». Aucun « éclatement » de cette cavité en microbulles n’a été observé, et elle disparaît brutalement à l’arrêt de la traction. Cela impliquerait donc la présence de gaz dissous dans le liquide synovial (15 % de gaz dissous dont 80 % de dioxyde de carbone d’après Unsworth).
Vous vous demandez sûrement si faire craquer vos articulations les abîmes au bout du compte ? Est-ce que cela provoque de l’arthrose, comme on l’entend souvent dire ?
Récemment, l’équipe de Boutin a comparé 40 sujets asymptomatiques dont certains sont des craqueurs invétérés et d’autres non. Aucune différence clinique n’a été observé entre les deux groupes que ce soit l’amplitude articulaire des doigts ou la force de préhension. Seule une légère augmentation de l’amplitude articulaire juste après avoir « craqué » a été mise en évidence. Une étude similaire confirme ces résultats, sans différence de force de préhension entre les deux groupes, mais avec une augmentation significative de l’épaisseur du cartilage sur les deux mains des « craqueurs ».
Connaissez-vous le prix Ig Nobel ? C’est un prix parodique du prix Nobel décerné chaque année à dix recherches scientifiques qui paraissent loufoques ou insolites, mais qui peuvent amener secondairement à réfléchir.
Et bien ce bien a été décerné à Donald Unger en 2009. Pendant 50 ans, ce médecin allergologue a fait craquer quotidiennement les articulations des doigts de sa main gauche uniquement, pendant que celles de la main droite n’ont craqué que rarement et uniquement de manière spontanée. A la fin des cinquante années, aucune différence clinique ni radiologique entre les deux mains pouvant évoquer une potentielle atteinte arthrosique n’était retrouvée ! Rassurant, n’est-ce-pas ?
La revue médicale suisse a consacré un article intéressant sur ce sujet que je vous invite à lire si vous souhaitez d’avantages de précisions techniques. Il est notamment évoqué 3 études concernant la survenue d’arthrose des mains. Ces données semblent indiquer l’absence d’association entre le craquement régulier des doigts et l’apparition de l’arthrose. Rassurez-vous ! Une étude indique la survenue plus fréquente de gonflement des articulations avec l’âge et une baisse de la force de préhension chez certains craqueurs.
Grincements et crissements articulaires, une autre affaire!
Grincements, crépitements, crissements… ces petits bruits articulaires sont à distinguer du craquement dont nous parlions précédemment.
Ils correspondent à une sensation d’accrochage, de frottement ou de crissement audible et/ou ressenti à la palpation, parfois douloureux, provoqué par la flexion active ou passive d’une articulation. Ce signe clinique est principalement décrit au niveau de la rotule, mais sans données probantes chiffrées à disposition.
Toujours d’après la synthèse proposée par la Revue Médicale Suisse, les grincements de la rotule pourraient être un signe précoce d’arthrose et l’occasion de proposer des approches rééducatives préventives.
En résumé :
▪ Les craquements articulaires des doigts semblent être dus au phénomène de tribonucléation et ne paraissent pas provoquer d’arthrose
▪ Les bruits articulaires des genoux pourraient être un signe précurseur d’arthrose symptomatique
▪ Les grincements de la rotule seraient un possible signe précoce d’arthrose
▪ Les bruits articulaires ne devraient pas être banalisés

Un nouveau regard sur l’arthrose
Le regard sur l’arthrose est en train d’évoluer. On a longtemps simplifié et réduit le phénomène de l’arthrose à l’usure du cartilage par frottement et en raison d’une sursollicitation ou d’une sollicitation mécanique inadaptée. Cette usure du cartilage entraîne la prolifération et la déformation du tissu osseux, l’inflammation de l’articulation et le développement des douleurs liées à l’arthrose. Certes, ces signes d’usure sont indéniables. Cependant, en réduisant l’arthrose à une mécanique grossière, on oublie que l’arthrose est également une modification de l’équilibre cellulaire. Comme le rappelle Jean Baptiste Talmont dans Alternatives Santé, on a eu trop tendance à comparer le corps humain à une machine en oubliant qu’il est avant tout un système biologique dont les tissus sont capables de se renouveler. Et effectivement, lorsque les circonstances le permettent, le cartilage atteint par l’arthrose peut se régénérer.
Autres points que j’aimerais souligner, le fait que l’arthrose soit associée à l’âge ne signifie pas qu’elle est causée par l’âge !
Accompagnement naturopathique de l’arthrose
De façon générale, pendant les crises : se mettre au repos et éviter de porter des charges lourdes sont des incontournables.
En correction de terrain, il faudra être patient et compter au moins six mois pour ressentir des améliorations durables ! Les axes de travail pourront porter selon les cas sur la digestion/malabsorption intestinale, rééquilibrage alimentaire, couple foie/intestin, l’acidification du terrain…
Bref à chacun sa cure !
Sources et remerciements :
Alternatives Santé
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