
Le culte du corps parfait et d’une peau impeccable est largement remis en questions ces dernières années. En parallèle, peut-être que le poids indiqué par la balance vous obsède ou que quelqu’un dans votre entourage s’impose des restrictions alimentaires. Cette semaine, nous abordons les troubles alimentaires !
Qu’est-ce que l’anorexie ?
Étymologiquement, anorexie vient du Grec ancien « anorexia » et signifie « perte/manque d’appétit ».
L’anorexie mentale est un trouble de santé mentale se caractérisant par une brusque perte de poids résultant de régimes drastiques, de jeûnes, de vomissements provoqués, d’utilisation de laxatifs ou d’exercice physique excessif. L’anorexie mentale est également associée à une peur intense de prendre du poids ainsi qu’à une distorsion de l’image corporelle. Très souvent, l’anorexie est associée à un besoin de tout contrôler et donc de chercher à anticiper. Souvent, les personnes souffrant d’anorexie ne parviennent pas à profiter de l’instant présent.
Plusieurs complications sur les plans social, physique et psychologique peuvent être reliées à cette problématique. Il est possible de retrouver, entre autres, de l’anxiété, de la dépression, des étourdissements et des pertes de conscience, de l’ostéoporose, et bien d’autres. Les personnes souffrant de ce trouble ont parfois tendance à s’isoler socialement. C’est une maladie grave qui, non traitée, peut mener vers la mort.
L’indice de masse corporelle (ou IMC) est un outil que les spécialistes utilisent souvent pour évaluer la pertinence du poids corporel d’une personne suspectée de présenter des troubles de conduites alimentaires (TCA). L’IMC se calcule en divisant le poids en kilogramme par la taille en mètre au carré.
On parle d’anorexie modérée lorsque l’IMC, est inférieur à 17,5 kg/m2. L’anorexie sévère peut quant à elle être évoquée lorsque l’IMC est inférieur à 15 et, enfin, l’anorexie critique est confirmée en présence d’un IMC inférieur à 12,5. A noter : un IMC normal doit être compris entre 18 et 25.
Pourquoi ce conflit s’exprime par la nourriture ?
Le naturopathe Dimitri Jacques apporte des éléments de réponse dans son livre « Message de l’Anorexie ».
Manger est la première chose que nous faisons à la naissance. Lorsqu’un nourrisson se trouve dans une situation déplaisante, il se manifeste pour obtenir le sein et l’affection de sa mère. Pour l’inconscient, il n’existe pas de différence entre nourriture affective et nourriture réelle. Une fois adulte, certains événements stressants peuvent réactiver ce réflexe primitif. En lieu et place de sein maternel, nous allons nous diriger vers le frigo ou le placard. Les difficultés d’une personne fragile à qualifier ses émotions et à ne pas être submergées par elles, amplifient le phénomène et la rapprochent d’un mode de réponse archaïque.
Le problème se complique quand ce sont les apports maternels, censés apaiser les tensions du nourrisson, qui sont sources d’angoisses. Une mère dépressive, ou souffrant de carences affectives importantes, est en position de demande vis-à-vis de son enfant. Le bébé devient réceptacle des émotions négatives de sa mère. Pour montrer son désir d’échapper à cela, le bébé n’a pas d’autres moyens que refuser le lait maternel… dont il a pourtant besoin et envie !
L’anorexique est enfermée dans cette dualité. Du coup, elle procède à ce qu’on appelle une formation substitutive. Je ne peux pas dire à ma mère que je n’ai pas apprécié le type d’affection qu’elle m’a porté, ni lui demander aujourd’hui de me donner une bonne affection, ni lui avouer que j’en ai besoin. En revanche, je peux refuser la nourriture qu’on me propose, sélectionner uniquement ce qui ne me fait pas de mal (aliments pauvres) et montrer que je contrôle mes besoins.
Il est intéressant de noter que l’anorexie apparaît le plus souvent à l’adolescence

Effectivement. Certainement parce que c’est une période de mutation, de remise en question des acquis de l’enfance, de différenciation et d’éloignement de ses parents. Le jeune va tester ses limites et s’essayer à différentes formes d’engagement dans la vie extérieure afin de faire ressortir son identité. Par des pratiques parfois à risque, l’adolescent veut voir ce que ça fait d’être privé des protections parentales, de fixer lui-même ses propres règles et limites.
On distingue différents types d’anorexie :
Type boulimique : La personne se purge souvent après avoir mangé. Cela atténue la peur de prendre du poids et compense en partie la culpabilité d’avoir ingéré des aliments qu’elle s’interdit. Le comportement de purge compensatoire peut prendre la forme soit d’exercices physiques excessifs, soit du fait de se faire vomir, soit par l’usage de laxatifs.
Type restrictif : La personne limitent la quantité d’aliments ingérés, et se restreint sur certains types de nourritures riches en gras ou en sucre. La personne s’affame.
Peut-être moins connus, on peut citer aussi la bigorexie et l’orthorexie.
La bigorexie ou dysmorphie musculaire se caractérise par une impression d’être trop mince ou jamais assez musclé. Elle est aussi nommée anorexie inversée et touche plus particulièrement les hommes et les personnes impliquées dans les milieux sportifs. Généralement, la personne atteinte de bigorexie instaure des règles strictes face à la prise alimentaire, aux entraînements voire surentraînements et à la prise de suppléments protéinés. Des sentiments de culpabilité et de honte sont présents lorsque la personne concernée ne réussit pas à suivre les entraînements qu’elle s’est imposés. Les autres activités, loisirs et moments de détente peuvent être mis de côté au profit des entraînements.
L’orthorexie se caractérise par une obsession de manger sainement. La personne souffrant de ce trouble mettra beaucoup d’énergie concernant le choix des aliments et la façon de mieux les cuisiner ou crusiner. Généralement, la valeur nutritive du plat sera mise en premier plan et le plaisir de manger en second plan. La personne souffrant d’orthorexie peut également vivre de l’isolement social, en raison de l’ampleur de ses comportements dans sa vie. Autant vous dire qu’en étant naturopathe, je suis souvent soupçonnée d’orthorexie ! Et pourtant, je ne souffre pas de ce trouble alimentaire, et loin de moi l’idée d’être un ayatollah hygiéniste ! C’est parce que je suis gourmande et respectueuse de la vie que j’apporte du soin à mon alimentation ! Clin d’œil et parenthèses fermées !
Quelles sont les causes connues de l’anorexie ?
Il existe des constantes psychologiques, que l’on retrouve presque toujours : une relation fusionnelle avec la mère, un sentiment de manque du père et une famille qui a du mal à communiquer. Si les parents ont transmis quelque chose, ils ne sont souvent qu’un vecteur. Ce peut être l’opportunité d’éclaircir les relations dans la famille. L’idée n’est pas tant de chercher un coupable mais plutôt de prendre conscience des liens qui existent, des peurs et des souffrances sous-jacentes afin de lever ces barrières pour rétablir l’harmonie.
Il y a aussi les cas de traumatismes forts avec inceste, maltraitance, où la personne se sent souillée et va se retrancher dans une anorexie.
La relation conflictuelle chez la personne souffrant d’anorexie n’est pas seulement avec la nourriture mais avec la matière. En refusant de s’alimenter, c’est bien son corps qu’elle cherche à modifier, comme si elle voulait en arracher quelque chose. Nous sommes face à un phénomène particulier où la destruction est synonyme de libération. Dans sa logique binaire, l’inconscient va au plus direct : si je ne peux pas me débarrasser des pensées qui me hantent et que mon corps en est imprégné, alors je vais me débarrasser du corps. Du coup, tant que ce « logiciel » inconscient tourne, il n’est pas possible d’avoir une image de soi objective. Un peu de corps, c’est toujours trop de corps.
Les personnes anorexiques ont une sensibilité à fleur de peau. Une remarque, un regard, des messages infra-verbaux suffisent à les ébranler profondément. Du coup elles auront tendance à se protéger de la vie parce que celle-ci leur fait mal.
De la psychogénéalogie à la physique quantique

Nous héritons de certains traits de caractère de nos parents, mais aussi de toute l’histoire de notre famille : secrets et tabous, peines et doutes, émotions inexprimées et rêves inassouvis. C’est ce qui est étudié en psychogénéalogie et qui est désigné par Karma familial chez les bouddhistes. Un des buts d’une vie peut – être de comprendre et d’être reconnaissant pour le karma familial dont nous héritons puis de réussir à alléger le karma que nous transmettons.
L’épigénétique nous apprend que l’ADN ne porte pas seulement notre patrimoine génétique, mais aussi des informations influençant l’expression de nos gênes. Selon ce que nos parents et grands – parents ont vécu comme épreuves (guerre, faim, exposition à un polluant, …), leurs corps s’est adapté à l’environnement. C’est cette adaptation, par l’expression ou non de certains gênes, qui va se transmettre.
Ces fluctuations dans l’expression des gènes ne sont aucunement un programme inéluctable. C’est nous qui au final choisissons notre mode de réponse, en fonction de la qualité de la relation que nous entretenons avec notre environnement. C’est donc une question de conscience et de présence. L’anorexie est peut-être un réflexe de survie pour s’en débarrasser.
Qui peut être touchée par l’anorexie mentale ?
Ce trouble du comportement alimentaire ne touche pas une catégorie de personnes en particulier. Cette problématique peut toucher les personnes sans égard à leur âge, leur genre, leur origine ethnique, leur milieu socio-économique, leurs croyances religieuses ou leur orientation sexuelle. Alors que cette problématique était davantage associée à la clientèle féminine, les statistiques démontrent que 5 % à 10 % des cas d’anorexie mentale seraient observés chez les hommes.
Pourquoi la femme demeure-t-elle majoritairement touchée par cette maladie ?
La femme est davantage concernée parce qu’elle est traditionnellement chargée de nourrir les siens et que de nombreux regards pèsent sur elle. La femme est souvent affichée au cinéma comme un personnage secondaire censé mettre en valeur les prouesses du héro masculin…et le canon de beauté généralement affiché est une femme très mince, à la taille de guêpe mais avec poitrine généreuse. Et lorsque, ô miracle, le héros est une héroïne, elle se présente avec le physique de Lara croft ! Je caricature, mais vous avez compris l’idée. La femme est trop souvent instrumentalisée et dans l’inconscient collectif, elle est censée véhiculer une certaine image pour coller à ce rôle. L’image qu’elle renvoie et la nourriture sont étroitement liées.
Notre société fabriquerait-elle des anorexiques ? Quand on voit les défilés de mannequins ou encore les catalogues de ventes de vêtements, il est parfois difficile de se reconnaître dans le physique des modèles ! Heureusement, cette tendance tend à s’atténuer depuis quelques années avec des mannequins de différentes corpulences dans les publicités ! Ouf, il était temps !
Dans certains cas, il y a le refus de la féminité et du schéma de sa propre mère dont on ne veut pas forcément reproduire le schéma. Un autre mécanisme peut aussi être impliqué : chez certains, la peur et les angoisses couperaient l’appétit.
Quels sont les signes qui doivent alerter l’entourage ?
Les symptômes de l’anorexie mentale s’installent de manière insidieuse durant un temps plus ou moins long, généralement depuis l’adolescence. Cependant il est nécessaire de les repérer rapidement afin d’assurer une prise en charge la plus précoce possible.
Les troubles des conduites alimentaires s’installent insidieusement chez la jeune personne souvent sous prétexte d’un régime alimentaire amaigrissant ou de troubles digestifs (colopathie fonctionnelle, douleurs abdominales,…). Un rapport obsessionnel avec la nourriture s’installe avec la volonté de perdre toujours plus de poids. Rapidement, toute l’activité psychique se concentre sur le poids, la minceur et sur l’invention de stratégies pour refuser l’alimentation.
Certains signes peuvent alerter la famille :
- À table, l’adolescent se soucie énormément de ce que les autres membres de la famille mangent de sorte que personne ne remarque qu’il n’a presque rien mangé. Lui même trie la nourriture et exclut les aliments riches en calories ; Il évite les repas, invente des stratégies pour refuser l’alimentation.
- Il cachera son amaigrissement sous des vêtements amples ou l’exhibent avec fierté par des vêtements de taille de plus en plus petite.
- Chez la jeune femme l’absence de règles peut alerter
- Il ou elle fait preuve d’une incroyable vitalité, se surinvestit dans ses études, fait beaucoup de sport… Si bien que son entourage ne se doute de rien pendant longtemps.
Des stratégies permettant de contrôler le poids sont mises en place :
- hyperactivité physique,
- prise de laxatifs, de coupe-faim, de diurétiques,
- vomissements provoqués,
- consommation d’eau en grande quantité (potomanie)…
Des perturbations de l’image de soi sont à noter :
- des préoccupations excessives autour du poids et de l’alimentation ;
- des perturbations concernant l’image du corps : l’adolescent se sent « trop gros » alors qu’il est bien en dessous du poids « normal » ;
- un déni des problèmes ;
- un surinvestissement intellectuel ;
- une recherche permanente de contrôle et un perfectionnisme ;
- un désinvestissement de la sexualité.
Quels accompagnements peut – on proposer à une personne souffrant d’anorexie ?
Il y a encore 30 ans le traitement de l’anorexie reposait sur le concept de responsabilité des parents, notamment de la mère, et la nécessité de couper ces liens supposés coupables. La règle était l’isolement et la rupture systématique, totale et prolongée avec le milieu familial. Désormais, la tendance générale est d’accompagner la personne dans sa globalité. On ne traite plus l’anorexie, mais une personne souffrant d’anorexie, avec tout ce qu’elle a de spécifique dans son histoire.
La prise en charge idéale se fait aujourd’hui dans le cadre d’une équipe multidisciplinaire et comporte trois composantes principales :
– rééquilibrer le terrain de la personne et trouver des solutions aux troubles qui ont pu s’installer : malnutrition, déséquilibre électrolytique, aménorrhée, rythme cardiaque instable, brûlures de l’œsophage, troubles dentaires, troubles intestinaux,…
– rétablir un poids de santé, rééduquer sur les habitudes alimentaires.
– reconnaître les problèmes sous-jacents associés aux troubles de l’alimentation, aborder et cicatriser des événements traumatisants de la vie, acquérir des habiletés d’adaptation plus saines et de développer davantage la capacité d’exprimer et de gérer les émotions.
Selon la loi de Hering, bien connue des homéopathes, le processus de rémission d’un état pathologique consiste à faire ressortir de la profondeur vers la superficie les souffrances qui l’ont constitué.
On pourrait proposer cette lecture du phénomène : en maigrissant, une personne anorexique se rapproche du cœur du problème. Plus elle maigrit et plus elle risque de rencontrer des zones émotionnellement chargées, et parallèlement plus l’espoir de recouvrer sa vérité intérieure renaît. C’est pourquoi, à un certain moment de la thérapie, les symptômes peuvent s’aggraver et en dépit de cela le patient va dire se sentir mieux, comme s’il devenait plus fort. Cela expliquerait dans une certaine mesure le sentiment d’euphorie et le déni de toute gravité souvent constaté chez la personne anorexique.
Le regard multimillénaire de la médecine chinoise
L’être humain est animé par un souffle vital (appelé QI) qui est l’addition de trois foyers. Le premier est le bagage que nous apportons à la naissance. Il inclut tout ce qui est hérité des parents et de la famille, le vécu prénatal et le cheminement de l’âme. Il constitue un capital de départ que nous faisons fructifier notre vie durant grâce aux deux autres foyers. Le deuxième, appelé énergie de la terre, correspond à la nourriture et ce que celle-ci nous apporte. Le troisième, l’énergie du ciel, correspond à l’air que nous respirons mais aussi à la qualité de notre environnement et de nos échanges sociaux. Ce sont nos nourritures spirituelles et subtiles.
La médecine chinoise met l’accent sur les erreurs alimentaires pour expliquer l’anorexie. Par ailleurs, elle ne semble pas différencier l’anorexie simple (perte d’appétit d’origine biologique) de l’anorexie mentale (le trouble psychiatrique). Cela n’a rien de surprenant. Toutes les manifestations du QI interagissent en permanence. Les personnes dont les énergies ancestrales marquent une sensibilité particulière peuvent réagir fortement et négativement aux énergies des aliments dénaturés, toxiques. Celles-ci peuvent réveiller certains schémas psycho-affectifs. Pour cette raison, une manifestation organique, matérielle, ne devrait jamais être ignorée ni sous-estimée.
Les approches thérapeutiques mettant en avant la conscience de soi et l’expression corporelle doivent être encouragées. L’art-thérapie, l’hypnose, la sophrologie sont des outils intéressants. La pratique quotidienne du kundalini yoga peut également conduire aux libérations émotionnelles nécessaires tout en associant des exercices de santé physiques.
Les structures de soins adaptées restent peu nombreuses. Il manque aussi des lieux d’écoute et d’orientation. Les médecins, souvent débordés, ont peu de temps à consacrer aux interrogations et aux angoisses des familles. Vous pouvez néanmoins vous rapprocher de l’association FNA-TCA si l’un de vos proches où vous – même êtes concerné.
SOURCES
Anorexie nerveuse : Causes, symptômes, signes et traitements (santepratique.fr)
Traitement anorexie : traitements – Ooreka
ANEB, Québec
Article très intéressant. Merci beaucoup. En espérant que vous allez bien. Bien à vous.
Envoyé de mon iPhone
>
J’aimeJ’aime
Contente que cet article vous aie intéressé ! Portez-vous bien
J’aimeJ’aime
Limpide, enrichissant et très intéressant. Merci
J’aimeJ’aime
Contente que l’article vous ait plu!
Portez-vous bien !
J’aimeJ’aime