L’épigénétique ou lecture différente d’un même code génétique
L’épigénétique est l’étude des changements dans l’activité de nos gènes sans modification de la séquence ADN mais transmis lors des divisions cellulaires. En d’autres termes, cela explique pourquoi de vrais jumeaux ne vont pas manifester les mêmes pathologies héréditaires…
Comment ça marche?
Chaque cellule dispose d’un système qui compacte l’ADN tout en laissant la possibilité à chaque gène d’être accessible quand le besoin se présente. Le rôle des histones est de faire varier le degré de compacité de l’ADN et donc l’accessibilité aux gènes. Elles permettent également de regrouper différentes parties du génome qui doivent s’exprimer ensemble, ou au contraire séparément.
Ainsi, en modifiant les interactions entre l’ADN et les histones (par ajout de groupement méthyl ou acétyl), on permet ou non l’expression des gènes.
Chacune des cellules de l’organisme possèdent l’ADN dans son entier. Cet ADN ou patrimoine génétique est spécifique à chaque individu et issu des parents. C’est ce qu’on appelle l’hérédité. Or, il va de soi qu’une cellule de foie et une cellule de cœur ne vont pas avoir les mêmes fonctions. C’est l’épigénétique qui permet de lire une partie des informations génétiques utiles et spécifiques à la cellule à un instant T donné.
Expériences chez l’Homme, sur l’épigenèse :
Des chercheurs ont étudié la méthylation du gène GR (gène codant pour le récepteur au cortisol de type II), à partir d’ADN extrait des monocytes sanguins du cordon ombilical, de 3 groupes de nouveau-nés.
⇒ Le 1er groupe était constitué d’enfants de femmes déprimées traitées aux antidépresseurs,
⇒ Le 2ème groupe était constitué d’enfants de femmes déprimées non traitées aux antidépresseurs
⇒ Le 3ème groupe d’enfants de femmes non déprimées et non traitées.
Une hyperméthylation du gène GR a été trouvée chez les enfants de femmes déprimées, traitées ou non aux antidépresseurs. De plus, cette hyperméthylation était associée à une réponse du cortisol salivaire à un stress modéré plus élevée chez ces enfants à l’âge de trois mois.
Une autre étude publiée dans la revue Biological Psychiatry a réuni des hommes et des femmes ayant été témoins ou victimes de torture nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Leurs gènes, ainsi que ceux de leurs enfants, tous atteints de stress et de troubles anxieux, ont été analysés et comparés à ceux de personnes juives qui n’étaient pas en Europe au moment de la Shoah.
L’équipe s’est particulièrement penchée sur les aspects génétiques de la réponse générale au stress et les conclusions sont sans appel: «Les modifications génétiques observées sur les enfants de survivants ne peuvent être attribuées qu’à l’exposition à l’holocauste de leurs parents.»
À l’origine de maladies psychiatriques ?
Les chercheurs se posent désormais la question du lien entre ces modifications épigénétiques et les maladies psychiatriques telles que :
la dépression, le trouble bipolaire, les comportements de type “borderline”, mais aussi de maladies métaboliques comme le diabète.
De nombreux mystères doivent encore être élucidés dans ce domaine
Quand l’épigénétique soutient les principes hygiénistes :

Concrètement, cela veut dire que l’expression de nos gènes est directement influencée par notre environnement, et l’environnement que nos parents ont connu :
- alimentation
- niveau d’activité physique
- rythme de vie (stress, sommeil)
- environnement social
- niveau de satisfaction dans la vie en général
Sources :
Biological Psychiatry, « Epigenetic Transmission of the Impact of Early Stress Across Generations »
Biological Psychiatry, « Holocaust Exposure Induced Intergenerational Effects on FKBP5 methylation »