Certains d’entre vous ont déjà pris des compléments alimentaires, des complexes de vitamines, ou fait des cures prometteuses. Pourtant, bien qu’en vente libre, certaines interactions sont incohérentes d’autres sont imprudentes. Alors parlons-en !
Qu’est-ce qu’un complément alimentaire ?
Les compléments alimentaires sont définis comme « des denrées alimentaires dont le but est de compléter un régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique ». Ces produits sont destinés à être pris par voie orale et sont conditionnés en doses sous forme de comprimés, gélules, pastilles, ampoules. Malgré ce conditionnement, il ne s’agit pas de médicaments.
Pourquoi parler d’incohérences pour certains compléments alimentaires ?
Pour m’être penchée sur la question, on trouve vraiment de tout et de qualité variable. Entre le complément qui contient des ingrédients intéressants mais pas en quantité suffisante pour obtenir l’effet escompté, ou encore qui contient des choses intéressantes mais qui ne devraient pas être prises en même temps. C’est devenu une vraie jungle avec des enjeux financiers non négligeables.
Pour déjà mieux comprendre, ayez à l’esprit que l’absorption de n’importe quel nutriment, sa captation tissulaire et son utilisation dans le corps, requièrent pratiquement toujours l’intervention d’autres nutriments clefs.
Sur cette base, et hormis certaines exceptions, il semble logique d’écarter une supplémentation en un seul élément nutritif, mais de préférer des synergies de nutriments multiples. La démarche de prise de compléments alimentaires devraient toujours être associée à des judicieux conseils d’hygiène de vie.
En outre, plusieurs facteurs endogènes et exogènes réagissent avec les nutriments :
– certaines de ces réactions auront un effet positif en augmentant la biodisponibilité, l’efficacité biologique, l’utilisation réelle par l’organisme.
– d’autres auront un effet défavorable en créant une compétition entre les nutriments, en bloquant leur absorption ou en les détruisant.
Quoi qu’il en soit, rappelez-vous qu’une déficience d’un nutriment ne se présente jamais seule!
Quelques exemples
Voici quelques rappels de micro nutritions fournis dans le Magasine Alternatives santé :
– LE FER :
L’absorption du fer est sujette à rivalité. Par exemple, en cas d’anémie, il est souvent recommandé d’éviter de boire du thé. Pourquoi ? C’est en partie à cause de la grande quantité de tanins du thé qui se libèrent lors de son infusion et qui piègent le fer, le rendant ainsi indisponible. Le fer circule dans l’organisme sans pouvoir être utilisé.
Les tanins du thé laissent une sensation d’âpreté et de bouche sèche du fait qu’ils « resserrent » les tissus organiques. Dans une gélule, on aura plus de mal à les identifier, et parfois on peut faire des associations sans soupçonner que l’on consomme une plante ou un aliment contenant des tanins. C’est le cas pourtant d’un grand nombre de plantes en phytothérapie.
Autre cas de compétition. Les polyphénols sont des anti-oxydants bénéfiques à notre santé, pourtant ils nuisent nuisent à l’assimilation du fer. Or on trouve des polyphénols dans de nombreux compléments !
Le fer et le calcium sont également en concurrence au niveau de l’intestin grêle : on trouvera des formulations de compléments alimentaires maladroites et contre-productives. Par exemple, il existe des compléments en fer utilisant le lithothamne comme base naturelle. Or le lithothamne est une bonne source de calcium. Il est à prévoir une nette compétition d’assimilation au niveau intestinal entre le fer et le calcium.
On notera aussi qu’un excès de produits laitiers prédispose à une dysbiose diminuant l’assimilation du fer au profit d’un type de calcium et encourage une flore bactérienne voleuse de nutriments.
D’ailleurs, un excès de calcium nuit à la synthèse de vitamine K nécessaire à la bonne coagulation sanguine et à un tissus osseux de qualité.
– LA VITAMINE C ou acide ascorbique :
Elle est mieux absorbée en présence de bioflavonoïdes, métabolites secondaires des végétaux aux propriétés anti-inflammatoires et anti-tumorale intéressantes. En revanche, elle est mal absorbée en présence de fer mais permet une meilleure absorption du fer.
Les suppléments d’enzymes pancréatiques ne doivent pas être pris en même temps que l’acide folique, car ils peuvent s’y lier pour former des complexes insolubles et inhiber son absorption.
Quel est l’intérêt de prendre des compléments alimentaires ?
Tout d’abord, j’aimerais préciser que je prône avant tout un mode de vie sain et constructif. Privilégier une alimentation nutritive, énergisante, adaptée à nos besoins, devrait dans un monde en équilibre suffire à nourrir notre bon état de santé. Gardez à l’esprit que manger ne signifie pas se remplir. C’est un moment particulier où vous allez nourrir votre corps, votre vie. Le choix et la qualité des aliments, la manière dont vous les préparer, l’état d’esprit dans lequel vous êtes au moment de manger vont influencer énormément la quantité de nutriments et votre capacité à les absorber/utiliser.
Cependant, rares sont ceux qui se reposent plus l’hiver en se couchant avec le soleil, qui ne subissent pas de stress chronique ni de sur sollicitation. De plus, il semblerait que certains nutriments soient moins présents aujourd’hui dans nos fruits et légumes qu’il y à 50-60 ans. Bref, tout cela pour dire que parfois, les changements nécessaires pour aller mieux durablement demandent du temps et de l’énergie. Pour monter quelques marches rapidement, sans trop de contraintes supplémentaires quotidiennes, les compléments alimentaires peuvent être utiles et faciles.
Autres points. Comme je le rappelais tout à l’heure, les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments. Ceux à base de nutriments vont avoir un mode d’action bien différent. En effet :
1. Contrairement aux médicaments, les nutriments (vitamines, minéraux, antioxydants, acides gras…) agissent, selon un principe biochimique, d’une façon sélective sur les processus corporels.
Ce qui veut dire que le nutriment agit d’une certaine façon, mais uniquement en cas de nécessité/besoin. Le médicament, lui, agit toujours, même quand son action n’est plus nécessaire. Par rapport à l’action stimulante ou de blocage des médicaments, les nutriments exercent un effet modulateur équilibré. Quelques exemples pour illustrer ce principe :
-les acides gras oméga3, la vitamine E et l’ail rendent le sang plus fluide, uniquement lorsque celui-ci est trop épais. Tandis que des médicaments anticoagulants (comme les coumarines) rendent le sang toujours plus liquide, même lorsqu’il est déjà suffisamment liquide.
-la vitamine C présente une action antioxydante dans les cellules saines tandis qu’elle agit comme pro-oxydant dans les cellules cancéreuses (elle augmente la concentration d’H2O2 (peroxyde d’hydrogène) dans des cellules cancéreuses, entraînant leur dégradation). Il y aurait donc une action sélective.
-les nutriments qui augmentent l’activité de la télomérase (resvératrol, sélénium, zinc, acides gras oméga3… mais également une alimentation saine, une activité physique, une réduction de stress) n’exercent par contre pas d’effet sur la prolifération cellulaire. Ils présentent seulement un effet bénéfique sur les télomères des cellules saines sans élever l’activité de la télomérase des cellules cancéreuses.
2. En cas de complémentation, il convient de tenir compte de divers facteurs : alimentation, style de vie, stress, environnement, facteurs psychiques, médication existante, éventuelles interactions…
Pour aller plus loin sur les compléments alimentaires
Je dirais qu’on peut classer les compléments alimentaires en 2 grandes catégories : les synthétiques et les naturels.
– les synthétiques : ce sont des molécules fabriquées en laboratoire, sur le modèle d’une vraie vitamine (même formule chimique mais pas forcément la même structure dans l’espace). Le synthétique, c’est un peu comme le reflet dans le miroir.
– les naturels : ce sont des extraits de végétaux/animaux. Prenons le cas de l’orange : elle ne contient pas seulement de la vitamine C, mais également des fibres, de la vitamines B9 et autres anti-oxydants. Ce totum rend les versions naturelles plus facilement absorbées, souvent plus efficaces, préférées par l’organisme.
Le saviez-vous ? La mention « Produit naturel » est autorisée dès que 10% de la quantité totale est de source naturelle : p. ex. l’Acerola, comme source de vit C.
Quelques recommandations :
Administrer des doses adaptées : Garder le juste milieu est la règle : chaque nutriment possède une fourchette de doses sures, dans la marge de l’homéostasie, évitant ainsi dans l’organisme des déséquilibres entre les nutriments.
Des doses élevées visent plutôt des objectifs thérapeutiques et nécessitent un avis médical.
Administrer les compléments au début du repas : les nutriments accompagnent les repas et agissent en synergie avec leurs composants. Ils sont destinés à être mélangés et à agir avec les aliments. Si nécessaire, il est recommandé d’améliorer la fonction gastrique et la fonction intestinale afin d’améliorer l’absorption des nutriments.
Choisissez la forme présentant la meilleure biodisponibilité
Mais n’oubliez pas que rien ne vaut d’accorder un budget à une alimentation de haute qualité nutritive et d’y consacrer le temps quotidien nécessaire !
Existe – il des pratiques nocives ?
Conjuguer compléments alimentaires et médicaments est parfois une nécessité parfois une prise de risque. Il existe un grand nombre de contre-indications en phytothérapie, par exemple :
–la prise de millepertuis en présence de certains anti-dépresseurs.
–La consommation concomitante de plantes contenant du 5 hydroxytryptophane (5HTP) et des antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Pourquoi ? Cela augmente le risque de développer un syndrome sérotoninergique : un excès de ce neuromédiateur caractérisé notamment par un état spasmodique intense. On trouve, parmi elles, le safran (Griffonia simplicifolia) bien que ce dernier puisse être associé selon le dosage sous le contrôle attentif d’un praticien qualifié.
–Le pamplemousse ou son jus, bien que n’étant pas un complément alimentaire, démontre aussi les interactions inattendues pouvant s’avérer dangereuses (43 sont reconnues). En effet, c’est un inhibiteur enzymatique qui empêche la métabolisation de certains médicaments, ce qui peut générer une accumulation et des surdosages néfastes. (Certains médicaments parmi les statines, immunosuppresseurs ou antirejet, médicaments de cardiologie, antidépresseurs ou anxiolytiques, anticancéreux, médicaments des troubles de l’érection, antiépileptique, antipaludéen…)
Lors d’une supplémentation en vitamine D, un risque de calcification vasculaire s’observe si l’individu est carencé en vitamine D de réserve (25-hydroxycholecalciferol). Dans ce cas de figure, le taux de calcitriol s’élève afin de maintenir un taux de calcium normal dans le sang. Pour éviter cela, il conviendrait de prendre une combinaison de vitamines K2 et D3 plutôt que de la vitamine D3 seule.
Les risques d’hypervitaminose. Certaines personnes consomment plusieurs sortes de compléments alimentaires sur une même période, mais lesquelles d’entre elles pensent à vérifier les compositions complètes et à calculer le cumul des apports. Des surdosages de certains nutriments peuvent en effet se révéler délétères.
Vous l’aurez compris, privilégiez un mode de vie sain et le plus naturel possible. Si vous avez tiré sur la corde, reçu une chirurgie ou moins eu le temps d’avoir un mode de vie sain, un usage avisé de compléments alimentaires de qualité pourra vous être favorable. L’émission de la Panacée est terminée. Je vous dis à bientôt, c’était … et MC pour radio Escapades.
Sources :
Alternatives santé